dimanche 20 novembre 2016

Sous les ifs



Ô tonne un peu ta voix frêle et brune
Et caresse aussi nos ombres aplaties
Nous dormons, deux sous les ifs à baies
Le temps joue des heures à sa guise coquine

Une ligne floue conspire un projet congru 
A l'orée d'un bois où les fièrs élans
Cachent au tiers leur leste nature
Et s'échangent comme de vieux sortilèges

Nous sommes ici, aux dieux des âmes égales
En long du sol qui s'étend et divulgue déjà
Aux sous du bois vertical un message

"Le temps joue des heures à sa guise coquine
Mais jamais ne sépare dès ce jour
Les destins joints et purs"


lundi 3 octobre 2016


Divine saison
______________________________________



L’automne souffle l’or sur le temps
suspendu.
Nous marchons vers un jour 
où les choses mourront.

Je voudrais un peu que le ciel 
reflète à son tour la terre ambrée
comme l’eau qui court,
mais le ciel ne sait voir
que lui.

Alors l’automne apporte sur Terre
la couleur des dieux
aux choses des hommes
et permet une saison,
que nous contemplions ici bas
ce que garde ce ciel
d’orgueil. 

vendredi 2 septembre 2016

Loukina

Vous cachiez dans la nuit votre noire pudeur
Les sillons saouls et mous de vos hanches lascives
Et vos yeux réverbères éclataient deux ogives
(Qui me hantent, me suivent, me blessent et me meurent)

L'eau troublée de vos pieds qui la fendirent' un peu
Faisait un jupon noir à vos chairs insoumises
Et giclait votre gorge' quelque fois que la brise
Dégageait de vos seins vos opaques cheveux

Je restais à la rive,  un ami silencieux
(Et les palmes tapirent' le forfait de mes yeux)
Et le pâle soupir de la mer effaçait

La rumeur douce et fraîche du vent des secrets
Nous étions deux dans la pénombre à contempler
La farouche beauté de vos dix-sept années

lundi 29 août 2016

Loukina

_______________________________


Vous cachiez dans la nuit votre noire pudeur,
Les sillons saouls et mous de vos hanches lascives
Et vos yeux réverbères' éclataient deux ogives
(qui me hantent, me suivent, me blessent et me meurent)

L'eau troublée de vos pieds qui la fendirent' un peu
Faisait un jupon noir à vos chairs insoumises
Et giclait votre gorge' chaque fois que la brise
Dégageait de vos seins vos opaques cheveux.

Je restais à la rive un ami silencieux
(Et les palmes tapirent' le forfait de mes yeux)
Et le pâle soupir de la mer effaçait

La rumeur douce et fraîche du vent des secrets.
Nous étions deux dans la pénombre à contempler
La farouche beauté de vos dix-sept années.




mardi 9 août 2016

Carnet, jour 1

Le vent ici rend fou
Et la folie douce
Crache parfois une flamme.

Il y a ici
Plus d'arbres que d'air
Plus de peine que de cris.

Les oiseaux ne dorment plus
Sous le jour qui nous pèse,
Vous cédez une jambe à la mer.

Je ne vous aime plus
Comme un vieux jour d'automne
À paris.

Qui sommes nous désormais
Dans la forêt muette ?
Deux étranger qui font leurs bagages.

Adieu,
Le vent ici rend fou
Et la folie naissante
Cache parfois une femme.

dimanche 12 juin 2016

L'été arrive


L'été arrive à ma fenêtre 
par l'odeur d'une sauce tomate
par la lumière qui peint ma cour
par les volets toujours ouverts

L'été arrive à ma fenêtre 
comme un petit vieux sur un banc 
comme un cheveux contre la nuque 
comme le matin après la nuit

L'été arrive à ma fenêtre 
dans les jupons de la voisine 
qui se reposent au vent d'autan
et je m'endors à son murmure

L'été arrive à ma fenêtre

mardi 31 mai 2016

Lama sabachtani

^

Non mon père
Tu ne seras pas enfoui 
Dans une poche sous la terre.


J'ai prévu pour toi 
Une grande croix 
Et une coupe en or froid.


C'est ainsi que s'en vont, ceux qu'on a admirés.

Je reviendrai déposer 
Parfois 
Un regret à tes pieds, une branche à tes bras


Et  je m'en irai 
Toujours 
Ignoré d'un regard qui jamais ne m'a vu. 

vendredi 6 mai 2016

1940

Le dernier train est passé

Deux trois chats, deux trois arbres et mes pas noctambules,
Bruissent.
Les carrés clos dorment
Mais les miens ne se reposent plus.

Le dernier train est passé

Je ne sais plus où aller, je vieillis.
Mais je crois entendre l'écho de tes balles contre mes tempes.
Quel ciel te regarde et quel vent te berce?
Et si je viens, me reconnaîtras-tu?

Le dernier train est passé

Sache enfant, que si un jour passe chez toi
Il en passe mille ici.
Le pays qui t'attend ne sait plus de jours qui ne soient longs
Et de nuits qui ne soient blanches.
Combien en conterai-je encore,
Seule à la station de ton retour?

Le dernier train est passé.

--------------------------------------------------------

Le dernier train est parti.

Deux trois chats deux trois arbres et mes pas noctambules
Bruissent.
Les carrés se closent, l'écart est grand qui m'éloigne de ces pièces où les gens déambulent.

Le dernier train est parti.

Où puis-je aller que je sois attendu?
Je ne sais plus.
A tant vivre, où je vais qui ne soit le tombeau?
Ivre, quel rage brûle les herbes minces de l'amour, et crible ceux dont le crime est d'être l'autre?
Si je rentre sauras-tu me regarder
Et si je reste ici, que suis-je?

Le dernier train est parti

Entends-tu, maman, comme je crie contre la nuit sourde
Et comme filent aussi les jours qui me tuent?
J'écris vois-tu, sur le temps une histoire commune
Qui éloigne les fils et vieillit les mères

Mon fusil est lourd - ou pèsent les munitions -

J'ai perdu l'espérance sur le quai du départ
Et je voudrais rentrer,

Mais encore,

Le dernier train est parti.

mercredi 27 avril 2016

Farewell

Une nuit j'ai laissé se poser à ma fenêtre
Un oiseau.
Il était grand et son plumage bleu
Rappelait le plumage du ciel

J'ai fermé la fenêtre et mes mains sur l'oiseau
Et le ciel a pleuré.
Nous étions beaux et nos corps enlacés
Rappelaient deux immortelles.

J'ai aimé l'aimer et le garder
Contre moi.
J'étais bête et tous les dieux
Rappelaient à la raison.

Et puis son plumage a terni et l'automne est venu
Déposer des nuages.
J'étais aveugle et le ciel libre
Rappelait son enfant.

Aussi, un jour j'ai laissé partir de ma fenêtre
Un oiseau.
Il était grand et son plumage bleu
En volant s'est effacé contre le plumage du ciel.

samedi 23 avril 2016

Je n'entends rien.

Existe t-il encore des choses qui ne soient nôtres
Quand on vit ensemble chaque nuit?

Je ne vois rien,

Que ce que tu regardes
Et nos rêves exhalent un parfum tiède puisque nos jours sont doux.

Un jour nous irons coucher au sommet des arbres pour ne jamais redescendre
Et nous rendrons aux hommes ce que nous avons pris:

Le temps la  nuit de dire adieu,
Le jour d'attendre que l'on se quitte

dimanche 3 avril 2016


Promesse 
_____________

Plante dans ton pays, des herbes où il n'y en a pas
Et des arbres où il n'y en a plus
Et je fabriquerai un arrosoir 
Et je puiserai l'eau qu'il faut

Laisse au sol la pierre froide et la terre moite 
Nous n'en avons pas besoin  
Pour faire pousser la campagne 
Où vieillis, nos souvenirs se promeneront 

Et puis enfin, inscris sur ton sable mon nom et le tien
Et laisse la mer les effacer. 
Demain d'autres s'aimeront ici,
Donnant au sable de nouvelles inclinaisons. 

lundi 29 février 2016


Altérité

__________________________________


Etranger !
Si tu clos tes portes sur tes terres fertiles
Pour empêcher mes frères de pénétrer tes villes
N’oublie pas !
C’est  toi que tu enfermes.

Et,
Si un jour tu voulais tes remparts  abattus  
Il se peut que nous autres ne puissions déjà plus  
Oublier,
Que les oiseaux en cages ne se mélangent jamais

Aux oiseaux sauvages…

samedi 6 février 2016

Je vieillis


Je vieillis

_______________________


Je vieillis,
Le chemin qu'emprunte le métro ne ressemble pas à celui que nous empruntions, 
   Et les visages des femmes 
   Et les visages des hommes
   Me sont étrangers.


L'odeur de l'appartement ne ressemble pas à celle de chez moi,
   Et ce que montre la fenêtre 
   Et le vent qu'elle m'apporte 
   Me sont étrangers.


Le bleu du ciel qui nous couvre ne ressemble pas au bleu du ciel que nous aimions,
   Et la forme des nuages 
   Et le scintillement des étoiles 
   Me sont étrangers.


J'ai grandi ici, mais rien ne ressemble plus à rien désormais,
Et ni les photos, ni les souvenirs ne me rendront ma jeunesse. 
   - La vie est un curieux voyage -

Tout vieillit et tout disparaît 
Les choses que j'aimais, mon père .




samedi 23 janvier 2016

Mouvements nocturnes

Mouvements nocturnes 

_____________________________


Le  remous des eaux à ta gorge ployante 
Palpite sur le coeur et palpite sous la tempe.
Le dessin des vagues se tisse et fane à la force d'un cil
A la courbe d'un songe.

Sous le rond de la lune les points naissent, et plus bas il n'y a rien que deux traits lestes ceignant l'eau,
Un rien dense, chaud, brillant, qui tapisse l'horizon d'une toile régulière 
Mince et fragile
Comme la courbe d'un songe.

Dans la palme foncée  se retire le jour (le temps file et les gens dorment)
Verte et puis noire quand il est loin.
Sous les franges droites de la robe nuit l'enfant dit ses phrases, les mains jointes 
Ignorant l'ombre des choses qui fanent et qui font faner
Le regard cru, la paupière fine, et le pied libre, il laisse filer la nuit
Sous la courbe d'un songe.

Et moi, la carcasse brûlante et la robe en lambeaux,
Je vais tapis comme les poils au sol (aussi plat et muet)
Au couchant des choses, chercher dans le sable grand
Le temps vieux que j'oublie, qui ployait sous l'or du ciel et l'argent de l'espérance.

Et ma vie en est pâle et lointaine, mince et fragile 
Comme la courbe d'un songe




Voyagerie - III (la femme du train)


Voyagerie - III (La femme du train)

____________________

Curieuse femme à l'oeil unique 
O lys lourd des parfums de l'inconnu 
Qu'as tu là  sur ton front si ce n'est la jeunesse? 
Qu'as tu la qui palpite et résonne dedans moi?

Au bords raides de ta nuque libre tu agites une tête ronde et fine et belle
Et partout agitent les craintes de l'adieu

J'ai vu dans cet oeil là (noir et fier) comme un point plus profond 
Comme un creux bizarre
Et j'ai vu aussi tout au fond qui brillait bien moins fort 
Le reflet de ma tête et la courbe de moi 
Disparaître à mesure que tu fermais cet oeil
Emprisonnant avec une part de mon âme




Adieu

Adieu

__________________

Le navire tangue à l'horizon,

Je n'y suis plus.

Au port j'ai laissé s'éloigner

Les cales pleines et les voiles rondes

Le voyage promis,

Le frisson charnel 

Et la jeunesse rose sur la joue d'un amant.


21 septembre

21 septembre

__________________

Les feuilles d'érable tombent, 
J'ai vingt ans

Sous le ciel les nuages continuent leur voyage 
À ma porte une dizaine a posé son présent

Les feuilles d'érable tombent, 
J'ai vingt ans

La ballade des oiseaux accompagne mon chemin 
J'irai mourir un jour où tarit leur rumeur 
Sous le ciel les nuages continuent leur voyage 
Et chacun vagabonde à sa propre chanson

Les feuilles d'érable tombent,
J'ai vingt ans




Voyagerie IV - (l'homme lointain)

Voyagerie - IV (L'homme lointain)

__________________

Rien.

Sous le vol des oiseaux, que la terre infertile et dans les arbres creux la sécheresse.

Rien.

A l'horizon courbe qu'un soleil ardent et les oscillations d'un ciel presque calciné.

Rien.

Sous les cailloux pointus que des cailloux pointus et du sable sec sous les pas de la mer.

Rien,

À la pointe des crêtes qu'un silence retombant sur les flancs des montagnes

Rien,

Par delà le ciel grand que des points lointains mouchetant le grand dais de noirceur .
Et perdu au milieu, quelque jardin fou dont les fruits murs et fiers, écarlates et gonflés (comme des lèvres fendues)
Sont bercés d'un ciel bleu, pur et lointain  (comme un oeil farouche) 
Ou s'étendent paisibles des rivières brillantes.


Qui es tu?



A ma soeur

A ma soeur

__________________


Saints sans têtes au façades de murs tachés de sang
Oui!
Mais les pierres continuent leur chemin jusqu'au ciel...



samedi 16 janvier 2016

Lettre à la mort

Lettre à la Mort

____________________________

Mort,
Ce n'est point que je ne t'aime pas,
Mort,
Ce n'est point que je ne te veux pas,
Mais c'est que je te connais peu.


Quand tu ne viens pas la nuit présenter tes hommages, 
Moi, l'oeil écartelé, le coeur volcan et la raison flanchante,  
Je crois que c'est toi et je te crains
(L'homme blanc ne craignit-il pas jadis le noir et l'enfant toujours?).


Mais quand ton étreinte fantasmée me quitte, ne laisse t-elle pas un creux vide que je voudrais combler au moyen de ton empire?

Ah! Moi je hais l'inconnu et j'aime l'inconnu!
Et m'aimes-tu toi, ma mort?


Un jour il faudra nous étreindre à jamais, 
Moi je t'attends toujours
Sur le pas de ma porte
Au fond de mon lit
Et assis au bureau par les soirs un peu gris
Mais tu ne viens qu'en mirage.


Halte! Étau cruel, je ne veux plus de toi, 
Tu me leurres et demain quand viendras l'alme jour
Je craindrais encore.

Halte! Toi je ne te veux point!
Maudit simulacre, je ne veux pas de toi!

Adieu angoisse 
Bonjour tristesse



dimanche 10 janvier 2016

Cadavre exquis 

_________________



J'ai le linceul fendu d'où s'écoule

doucement le flot long

Du sang rouge et frais et âpre qui coagule

ou s'arrête

La béance soyeuse



- tic tac -



Remontant toujours comme un mont

moite en

Des cercles concentriques refermant le

trou qui referme

Le drap où je couche et je vis, chaque jour

plus proche de la cicatrisation.