mercredi 17 juin 2015




Épitaphe 

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Ô passant !
Toi qui viens écorer ton regret solitaire
Sur la pierre abîmée de ma stèle angulaire.
Etranger !
Déroule ton tapis, assied toi sur mon dos
Mais avant, écoute le lament des oiseaux.

Ô guerrier !
Toi qui fuis ta contrée, sous le feu de la guerre
Éploré, apatride, un radeau à la mer.
Etranger !
Déroule ton tapis, assied toi sur mes os
Mais avant, écoute le lament des oiseaux

Ô cadavre !
Toi qui gis sur tes pieds, langoureuse agonie
Combattant l’obligé, malheureuse harmonie.
Etranger !
Déroule ton tapis, assied toi sur mon dos
Regarde mon tombeau, reconnais-y le tiens,
Ci-gisent les poètes, les enfants chagrins
Qui passant éphémères, ont estampé leur maux
Assied-toi !
Déroule ton souci, viens étayer le nôtre
Et deviens à ton tour, du malheur un apôtre.

Toi! qui nage invisible dans le creux des eaux
Toi! qui passe éphémère ainsi qu’un vol d’oiseau !


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lundi 15 juin 2015




3, rue Bastet


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Dans la ruelle étroite, alignées les demeures,
Étalés les pavés jusqu’au loin éthéré.
Saisissant la béance, rentre la lueur
Orangée, vespérale, faisceaux anémiés. 

Au milieu de l’étroit, qui repose en ses terres,
Le chat veille assoupi, ainsi qu’un simulacre,
Éclatant de son poil, déchirant le parterre,
Il attend silencieux l’heure qui le consacre

Et quand sonne minuit, aux coups alexandrins,
Que le divin esprit exhalé du sommeil
Langoureux animal, au regard olympien  

Vient frotter malicieux, son pelage vermeil,
Je me laisse approcher de la nymphe maline.

La nuit, les chats sont gris et les femmes félines !


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Pensée


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Si l’on regarde
Bien,
La peau blanche
Est marron claire.


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Pater marmoris


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Sous la ronce s’endort, la trogne paternelle,
L’idole impénétrable aux accents sibyllins,
Le regard échappé, dérobé aux mortels,
Qui-es-tu, étranger, qui côtoie le divin ?

Longtemps j’ai déposé, sur ton nom archaïque
Les élans idolâtres, ainsi que des encens
Qui montant à ta cime, excitaient sporadique
L’intérêt éphémère d’un père indolent.

Et croulant sous le poids, d’un mal congénital
Qui relègue l’amour au rang de l’abyssal
Ô Pater marmoris, ton énigme est pérenne !

Là ! tu gis, homme oiseau, un phœnix rocailleux
Du haut du piédestal, tu ignores l’adieu,
J’ai aimé t’adorer, dorénavant je t’haine !



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dimanche 14 juin 2015

Silence


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Pan !
Le cœur qu’on assassine.
Pan ! Fait la balle.
Et le corps tombe, silencieux.

-
La voix éteinte.
-  Fait la voix
Évanouie, silencieuse.

Autour, plus rien.
Les passants ne passent plus.
Le bruit des souffles coupés nous englobe.


Pan !


Dernier son d’une civilisation à l’agonie.


Pan !


Le rouge et le blanc,
Et le bleu mélangés
Éclaboussent les visages.

Le silence pèse.

Pan !

Tapi, l’assassin guette,
Parmi les hommes,
Dans le silence assourdissant de la stupeur.

Là-haut le ciel brûle,
L’oiseau chante,
Le vent souffle.

Pan !


Au sol, gît la république.



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Madame


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Madame !
Je vous aime.
                                    - Elle riait –

Vous êtes belle comme l’automne,
                                Vous êtes belle comme l’aurore.                                

Madame !
Je vous aime.
                                    - Elle riait –

Comme j’aime le vent d’été,
Qui balaie l’herbe sèche.

Madame !
Je vous aime.
                                   - Elle riait –

Et le temps je le vole
Et puis je vous le donne.
Pour que chaque jour d’amour
Nous le passions ensemble,
A compter un par un
Toutes les raisons qui font
Que souvent vous riez,

Que Madame je vous aime.


Temps mort


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La vapeur naît au cœur, et saisit alentours,
Noire nue, nuée noire, assombrit mon esprit.
Spleenétique est la vue de la vie de nos jours,
Ah ! Vraiment je respire en des temps évanouis.

Et quand errent hasardeux, mes regards courbatus,
Qu’aspirés fatalement vers le cadre ajouré
Ils contemplent en l’éther, les siècles étendus,
Il revient de leur trip, un bonheur trépassé.

Jamais donc je n’irais, au pays si lointain
Des amours clandestines d’amoureux transis
Des messieurs cocodès, aux illustres inouïs

Et des chairs opalines flattées d’embonpoint.
La langueur est hectique, amer est le destin,

Ah ! Vraiment je respire en des temps évanouis.


À Dieu.

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Si l’esprit prétentieux, bâtit des cathédrales
Si des pierres des montagnes, il conçoit des autels,
Qui de leur gravité, désavouent l’abyssal
C’est vainement, pour tenter de toucher l’éternel.
Et s’il pense ingénu, transcender le cosmos
Il ne fait qu’allonger l’agonie du mourant
Qui prenant fatalement, l’écumoire céleste.
Voit ses rêves y rester, quand il tombe à jamais.


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L'Éphémère


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Les pas dans le sable laissent des empreintes,
Creuses et rondes.
Elles racontent un peu le voyage du promeneur,
Au bord de l’eau claire.

                                                 La mer les efface.
                                                         Rien ne dure.

Le parfum des fleurs vole à tes narines,
Creuses et rondes.
Il transporte un peu le travail de l’abeille,
Partout dans la prairie.

                                                    Le vent l’efface.
                                                         Rien ne dure.

Le chant de l’oiseau caresse mes oreilles,
Creuses et rondes.
Il berce un peu mon sommeil.
Au petit matin clair.

                                                 Le temps l’efface.
                                                         Rien ne dure.

Mes cheveux blancs, forment des boucles,
Creuses et rondes.
Ils disent qu’est venu le moment de partir,
Où demeurent les souvenirs.

                                                  Le temps m’efface.
                                                             Rien ne dure.


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Hateshinai

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L’arbre chuchote sous la quiétude du printemps
Bercé par le vent muet.
Secret, l’oiseau se cache parmi les fleurs
Qui se cachent parmi les feuilles,
Qui se cachent parmi les branches.
Ainsi ils vont.

L’eau moirée ondule, reflétant l’éternel
Mue par le vent muet.
Elle glisse toujours dans le même sens
Pour mourir dans le fleuve,
Qui meurt dans la mer.
Ainsi ils vont.

La graine ancestrale vole de corps en corps
Portée par le vent muet.
Elle a fleuri dans ma mère
Qui a fané pour que je fleurisse à mon tour,
Et que de moi bourgeonne aussi.
Ainsi nous allons.


Bon voyage

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Au fil de l’eau
Glisse la feuille
Je ne sais où.

Dans ses bras,
Mon cœur


La mer

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Couchée, la mer est bleue
Qui balaie le rivage,
La mer est belle.
Nue, le corps opalin,
Douce, la figure calme,
La mer morte.

Le sable chaud ne fait rien,
Il attend.
Clair et doux le sable attend
Toujours,
Que la mer se réveille,
Et qu’elle mouille la jetée.

Mais la Mère morte.