jeudi 20 août 2015



Morositas

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Je suis coincé dans un corps,
Coincé dans une chambre,
Coincée dans un cube,
Coincé dans la ville,
Noire.

Je suis coincé dans la ville,
Coincé dans le pays,
Coincé dans la sphère
Coincé dans l’Univers,
Noir.

Et si je pense
Mes idées sont coincées dans ma tête
Coincée dans mon corps
Coincé dans ma chambre.
Noire

Et si j’écris
Mes mots sont coincés sur la feuille
Coincée dans le cahier,
Coincé dans mes mains.
Noires

Ainsi, si je veux m’échapper
Il n’existe nul endroit qui ne soit,
Coincé dans un pays,
Coincé dans une sphère
Coincée dans un Univers,

Noir.



lundi 17 août 2015


J'arrivais à vingt ans

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J’arrivais à vingt ans au pied de millénaires,
Abordant solitaire le vaste inconnu.
Dans mes maigres paquets des années de galère
Et au fond de ma poche quelque idée perdue

J’arrivais à vingt ans, je dis c’était hier
Jeudi noir, jeudi gris, dans une ville rose.
En marchant je me voyais repeindre la pierre
Et les esprits petits des habitants moroses.

Je disais bien des « si », biens des « il faut changer ! »
- « Si l’on changeait le monde il tournerait bien mieux » -
Je me voyais déjà l’érudit du quartier
Et peut-être demain un bien savant monsieur.

Mais écumant toujours les rues de ma cité,
J’arrivais un matin dans un bar, ingénu.
J’ai commandé un verre et de verre en année
J’ai laissé dans l’ivresse quelque idée perdue.

Ides d'Arès

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Par-delà votre ciel se balance l’épée
Qui forgée de vos mains prend l’aspect d’un enfant.
Gare au faible perçant ! Imparties les années !
Par la lame mourra, ou par un nœud coulant.

Donc déchu moi fils roi, le dit « petit maudit »
Tète mamelle infâme éloigné de ses pairs
Ourdissant par les dieux le destin alloti
Grandissant le courroux à l’ombre de Mégère. 

Ainsi qu’on laisse aller sur ma face étrangère
Les sillons méconnus des aïeux éloignés
Et qu’ils me montrent alors la route familière
Qui croise mon destin et celui du passé.

J’irai t’assassiner, toi mon père abhorré
Accourant à Thèbes-ra pour mieux t’y enterrer.
Ces bras-là et leur sang que le stupre maudit
Je viendrai les punir et me punir aussi.

Enfin j’irai chez nous, te visiter Meter
Te voir user nos liens pour enserrer ton corps.
Balançant exsangue ainsi qu’épée de chair
Au-dessus de la couche et par-delà ta mort.

Tu resteras encore ombrageant le destin
Sur les années venant de tes nombreux enfants
Qui ainsi que l’oracle prédit sibyllin :
Par la lame mourront ou par un nœud coulant ! 


mardi 11 août 2015


Paname abhorré

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Les faubourgs encrottés des déchets noctambules
Les Passy faisandés, les Cliclis rabougris,
Ce schéma archaïque où les tacots circulent.
Ah! Paris! Tu es blette et pourtant si jolie.

Ton haleine est fétide d'alcool et de cons
Ton ciel est mansardé, de bonne il est chambré
Les putains dévêtues sucent ton mamelon
Ah! Paris! Tu es vieille et pourtant inchangée.

Sur ton front dégarni j'irai poser ma voix,
Y graver de mes mots le nom de mes aïeux
Et comme un vieux pigeon je crèverai sur toi.
Ah! Paris! Je te hais et pourtant je te veux!