samedi 23 janvier 2016

Mouvements nocturnes

Mouvements nocturnes 

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Le  remous des eaux à ta gorge ployante 
Palpite sur le coeur et palpite sous la tempe.
Le dessin des vagues se tisse et fane à la force d'un cil
A la courbe d'un songe.

Sous le rond de la lune les points naissent, et plus bas il n'y a rien que deux traits lestes ceignant l'eau,
Un rien dense, chaud, brillant, qui tapisse l'horizon d'une toile régulière 
Mince et fragile
Comme la courbe d'un songe.

Dans la palme foncée  se retire le jour (le temps file et les gens dorment)
Verte et puis noire quand il est loin.
Sous les franges droites de la robe nuit l'enfant dit ses phrases, les mains jointes 
Ignorant l'ombre des choses qui fanent et qui font faner
Le regard cru, la paupière fine, et le pied libre, il laisse filer la nuit
Sous la courbe d'un songe.

Et moi, la carcasse brûlante et la robe en lambeaux,
Je vais tapis comme les poils au sol (aussi plat et muet)
Au couchant des choses, chercher dans le sable grand
Le temps vieux que j'oublie, qui ployait sous l'or du ciel et l'argent de l'espérance.

Et ma vie en est pâle et lointaine, mince et fragile 
Comme la courbe d'un songe




Voyagerie - III (la femme du train)


Voyagerie - III (La femme du train)

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Curieuse femme à l'oeil unique 
O lys lourd des parfums de l'inconnu 
Qu'as tu là  sur ton front si ce n'est la jeunesse? 
Qu'as tu la qui palpite et résonne dedans moi?

Au bords raides de ta nuque libre tu agites une tête ronde et fine et belle
Et partout agitent les craintes de l'adieu

J'ai vu dans cet oeil là (noir et fier) comme un point plus profond 
Comme un creux bizarre
Et j'ai vu aussi tout au fond qui brillait bien moins fort 
Le reflet de ma tête et la courbe de moi 
Disparaître à mesure que tu fermais cet oeil
Emprisonnant avec une part de mon âme




Adieu

Adieu

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Le navire tangue à l'horizon,

Je n'y suis plus.

Au port j'ai laissé s'éloigner

Les cales pleines et les voiles rondes

Le voyage promis,

Le frisson charnel 

Et la jeunesse rose sur la joue d'un amant.


21 septembre

21 septembre

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Les feuilles d'érable tombent, 
J'ai vingt ans

Sous le ciel les nuages continuent leur voyage 
À ma porte une dizaine a posé son présent

Les feuilles d'érable tombent, 
J'ai vingt ans

La ballade des oiseaux accompagne mon chemin 
J'irai mourir un jour où tarit leur rumeur 
Sous le ciel les nuages continuent leur voyage 
Et chacun vagabonde à sa propre chanson

Les feuilles d'érable tombent,
J'ai vingt ans




Voyagerie IV - (l'homme lointain)

Voyagerie - IV (L'homme lointain)

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Rien.

Sous le vol des oiseaux, que la terre infertile et dans les arbres creux la sécheresse.

Rien.

A l'horizon courbe qu'un soleil ardent et les oscillations d'un ciel presque calciné.

Rien.

Sous les cailloux pointus que des cailloux pointus et du sable sec sous les pas de la mer.

Rien,

À la pointe des crêtes qu'un silence retombant sur les flancs des montagnes

Rien,

Par delà le ciel grand que des points lointains mouchetant le grand dais de noirceur .
Et perdu au milieu, quelque jardin fou dont les fruits murs et fiers, écarlates et gonflés (comme des lèvres fendues)
Sont bercés d'un ciel bleu, pur et lointain  (comme un oeil farouche) 
Ou s'étendent paisibles des rivières brillantes.


Qui es tu?



A ma soeur

A ma soeur

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Saints sans têtes au façades de murs tachés de sang
Oui!
Mais les pierres continuent leur chemin jusqu'au ciel...



samedi 16 janvier 2016

Lettre à la mort

Lettre à la Mort

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Mort,
Ce n'est point que je ne t'aime pas,
Mort,
Ce n'est point que je ne te veux pas,
Mais c'est que je te connais peu.


Quand tu ne viens pas la nuit présenter tes hommages, 
Moi, l'oeil écartelé, le coeur volcan et la raison flanchante,  
Je crois que c'est toi et je te crains
(L'homme blanc ne craignit-il pas jadis le noir et l'enfant toujours?).


Mais quand ton étreinte fantasmée me quitte, ne laisse t-elle pas un creux vide que je voudrais combler au moyen de ton empire?

Ah! Moi je hais l'inconnu et j'aime l'inconnu!
Et m'aimes-tu toi, ma mort?


Un jour il faudra nous étreindre à jamais, 
Moi je t'attends toujours
Sur le pas de ma porte
Au fond de mon lit
Et assis au bureau par les soirs un peu gris
Mais tu ne viens qu'en mirage.


Halte! Étau cruel, je ne veux plus de toi, 
Tu me leurres et demain quand viendras l'alme jour
Je craindrais encore.

Halte! Toi je ne te veux point!
Maudit simulacre, je ne veux pas de toi!

Adieu angoisse 
Bonjour tristesse



dimanche 10 janvier 2016

Cadavre exquis 

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J'ai le linceul fendu d'où s'écoule

doucement le flot long

Du sang rouge et frais et âpre qui coagule

ou s'arrête

La béance soyeuse



- tic tac -



Remontant toujours comme un mont

moite en

Des cercles concentriques refermant le

trou qui referme

Le drap où je couche et je vis, chaque jour

plus proche de la cicatrisation.