Mouvements nocturnes
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Le remous des eaux à ta gorge ployante
Palpite sur le coeur et palpite sous la tempe.
Le dessin des vagues se tisse et fane à la force d'un cil
A la courbe d'un songe.
Sous le rond de la lune les points naissent, et plus bas il n'y a rien que deux traits lestes ceignant l'eau,
Un rien dense, chaud, brillant, qui tapisse l'horizon d'une toile régulière
Mince et fragile
Comme la courbe d'un songe.
Dans la palme foncée se retire le jour (le temps file et les gens dorment)
Verte et puis noire quand il est loin.
Sous les franges droites de la robe nuit l'enfant dit ses phrases, les mains jointes
Ignorant l'ombre des choses qui fanent et qui font faner
Le regard cru, la paupière fine, et le pied libre, il laisse filer la nuit
Sous la courbe d'un songe.
Et moi, la carcasse brûlante et la robe en lambeaux,
Je vais tapis comme les poils au sol (aussi plat et muet)
Au couchant des choses, chercher dans le sable grand
Le temps vieux que j'oublie, qui ployait sous l'or du ciel et l'argent de l'espérance.
Et ma vie en est pâle et lointaine, mince et fragile
Comme la courbe d'un songe